LE MBOLÉ, CE STYLE QUI POURRAIT DETRÔNER LE COUPÉ-ÉCALÉ.
Le Cameroun considéré comme l’Afrique en miniature affirme une fois de plus sa diversité culturelle via ce nouveau style de musique qui grandit désormais dans les ‘’banlieues’’ de Yaoundé et qui vend le rêve de donner à la musique camerounaise ce style propre et particulier dont rêvent tant les mélomanes du pays de « L’oncle Sam »
Il s’agit du Mbolé. Le Mbolé est un mouvement musical qui a vu le jour dans les animations de rues, des veillées et d’autres rassemblements de jeunes pour la plus part des quartiers « défavorisés ». Ce rythme musical est un mélange à la fois de Bikutsi, Samali, de Makossa…
Le Mbolé voit le jour dans les banlieues de Yaoundé particulièrement dans les quartiers tels que « Nkoldongo », « Mvog-Ada »… ; des quartiers dont le quotidien des habitants mais surtout des jeunes rime avec tabagisme et tous ces fléaux liés à la consommation des stupéfiants. Le Mbolé à la base était donc une occasion pour les jeunes de ces quartiers de parler des problèmes du « kwatt », « du terre » (quartier, zone) en leurs propres termes et langage.
C’était également un moyen pour ceux-ci de vulgariser le « Fran-cam-glais » (l’argot camerounais) qui est pour eux une sorte d’identité. Au début, personne n’y a cru car ce style était comme une façon de faire la promotion de la délinquance juvénile ; et aussi parce que les sujets évoqués dans les sons Mbolé tournaient pour la plupart autour du ‘’Mbanga’’, du ‘’Gué’’, du ‘’Ntah’’ (Drogue). Aujourd’hui, les Mboleyeurs sont entrain de briser les codes d’une société carrée, ils ont désormais leur place chez les médias, plateformes de promotion de musique et les scènes camerounaises ; ils peuvent même compter sur le soutien de quelques célébrités du football au travers desquels ils s’identifient par le fait d’être parti du ghetto et d’avoir débloqué l’accès aux grandes scènes du monde.
Crescendo, les mboleyeurs sont passés des couvercles de marmites, des sceaux comme instruments, au tam-tam Ndjembe et makas. Le Mbolé s’accompagne des pas de danses variés dérivés du Makossa, du coupé-décalé. L’une des choses exceptionnelles du Mbolé est qu’il a su regrouper des danses de rues du Cameroun telles que : La danse du piment, la danse de la maîtresse, la Kabadjogo, la Ngouambeu, la Niagop Niagap…
Les têtes de Proulx de ce mouvement sont entre autres Phill Massinga, Bertrand, Loïc, Aristide Mpacko, Petit Malo, Petit Bozard… Mais le premier a avoir étudié et mis en programmation musicale et à maîtriser l’art de l’instrumental de ce rythme est Dj Lexus. Le son qui a véritablement révélé le Mbolé est ‘’C’est le Gué’’ de Petit Bozard en featuring avec Petit Virus sorti en Février 2019.
Aujourd’hui au Cameroun, le Mbolé est dansé tant dans banlieues que dans les quartiers dits ‘’UP’’. Les mboleyeurs n’ont qu’un seul objectif : conquérir le monde grâce au Mbolé.
Petit Bozard a d’ailleurs déclaré que d’ici 10 ans le Mbole dépassera le Coupé-Décalé (www.culturebene.com ›
Petit Bozard : « Dans 10 ans le Mbolé sera au-dessus du coupé décalé …).
Moi c’est Paola Sankara, chroniqueuse et webactiviste.
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